7. L'utilisation de polices PostScript

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On avait l'habitude d'avoir des polices du Type 1 dans le domaine public de qualité bien moindre que les polices matricielles Computer Modern. Cette situation s'est cependant nettement améliorée ces dernières années, mais c'est à vous de faire la correspondance entre polices. Disposer de plusieurs systèmes de polices sur une machine peut sembler redondant et un gâchis d'espace disque pas vraiment nécessaire d'espace disque. De plus, les polices Computer Modern peuvent sembler, comment dire, un peut trop formelles pour une utilisation courante. Au moins, vous n'avez plus à investir une somme considérable pour avoir des polices de qualité professionnelle.

L'une des améliorations majeures de LaTeX2e par rapport à son prédécesseur est l'adoption du nouveau schéma de sélection de polices (New Font Selection Scheme, appelé PSNFSS). Auparavant, les auteurs utilisant TeX spécifiaient des polices à l'aide de commandes comme:

\font=bodyroman = cmr10 scaled \magstep 1
qui permettent une grande précision mais exigent des talents de typographe et de mathématicien pour être utilisés avec pertinence. De plus, ceci n'est pas très portable. Si un autre système ne disposait pas de la police cmr10 (qui est la nomenclature TeX pour Computer Modern Roman, 10 points, avec un ``poids'' moyen), quelqu'un devait recoder les spécifications des polices pour tout le document. Au contraire, PSNFSS vous permet de spécifier des polices par famille (Computer Modern, URW Nimbus, Helvetica, Utopia etc...), poids (léger, moyen, gras), orientation (droit ou oblique), type (Roman, Italic), et taille de base en points. (Cf. la section Les styles de caractères et les styles typographiques pour une description des commandes permettant de spécifier les styles .) De nombreuses polices sont regroupées en familles. Par exemple, une police du type Roman peut être regroupée avec une polices sans sérif, comme Helvetica, et une police à espacement fixe, comme Courier. Vous, en tant qu'auteur du document LaTeX, pouvez spécifier toute une famille de polices avec une seule commande.

Comme je l'ai déjà dit, il existe plusieurs ensembles de polices de très bonne qualité dans le domaine public. L'une d'entre elles est Adobe Utopia. Une autre est Bitstream Charter. Toutes les deux sont des polices de qualité commerciale qui ont été versées dans le domaine public.

Il se trouve que ces deux là sont parmi mes préférées. Si vous fouillez un peu l'un des sites CTAN, vous y trouverez les archives de ces polices et de bien d'autres. Il existe des polices en nombre suffisant pour vous permettre de concevoir des documents exactement comme vous aimeriez les voir, et pas seulement en anglais. À l'origine, TeX a été conçu pour la composition mathématique, il y a donc une grande variété de polices mathématiques disponibles, ainsi que les alphabets cyrillique, grec et d'autres, trop nombreux pour être cités ici.

Les choses importantes à rechercher sont les fichiers portant l'extension .pfa ou .pfb. Elles indiquent qu'il s'agit de polices redimensionnables, et non pas simplement de métriques de polices. Les polices de Type 1 utilisent des fichiers de métriques .pfm, par opposition aux fichiers de métriques des polices matricielles qui utilisent .tfm. Les deux ensembles de polices que j'ai cités ci-dessus sont inclus dans les distributions de teTeX, mais également de manière séparée.

Ce que j'ai mentionné plus haut, au sujet de la facilité de la sélection de polices à l'aide de PSNFSS, se révèle exact dans ce cas précis. Si nous voulons utiliser les polices Charter dans notre document, au lieu des matrices Computer Modern, il est seulement nécessaire d'inclure la directive LaTeX:

\renewcommand{\familydefault}{bch}
dans le préambule du document, où ``bch'' est la désignation courante pour Bitstream Charter. Les polices Charter sont situées dans le répertoire :
/usr/lib/teTeX/texmf/fonts/type1/bitstrea/charter

Là, vous trouverez les fichiers .pfb des polices Charter: bchb8a.pfb pour Charter Bold, bchr8a.pfb pour Charter Roman, bchbi8a.pfb pour Charter Bold Italic. Le ``8a'' dans les noms de polices indique l'encodage des caractères. Pour le moment, vous n'avez pas trop à vous en préoccuper, car les encodages diffèrent principalement pour les caractères 8 bits, qui ont des valeurs numériques supérieures à 127 en décimal. Pour la plupart, il définissent les accents et les caractères non anglais. Les encodages de Type 1 fonctionnent généralement bien pour des alphabets occidentaux car ils sont conformes au standard ISO 8859 relatif au jeux de caractères internationaux, il s'agit donc d'un avantage supplémentaire de leur utilisation.

Pour composer un document dans lequel les polices Charter ont été sélectionnées, vous préciserez la commande :

pslatex document.tex
pslatex est une variante de la commande latex(1) standard de teTeX qui définit les répertoires où se trouvent les polices de Type 1, ainsi qu'un peu de code LaTeX supplémentaire à charger. Vous verrez l'écran d'information de pslatex suivi des sorties générées par TeX lui-même. En un instant, vous obtenez un fichier .dvi contenant les requêtes pour les polices Charter. Il vous est alors possible d'imprimer le fichier avec dvips(1) et gs(1) si nécessaire.

L'installation de polices de Type 1 n'est pas difficile, si tant est que vous suiviez quelques étapes élémentaires. Vous devriez déballer les polices dans un sous-répertoire du répertoire /usr/lib/teTeX/texmf/fonts/type1, où se trouvent vos autres polices de Type 1, et ensuite faire un texhash pour informer les routines de recherche dans les répertoires que les polices ont été ajoutées. Ensuite, vous devez ajouter les descriptions des polices au fichier psfonts.map pour que dvips(1) sache où les trouver sur votre système. Le format du fichier psfonts.map est décrit par endroits dans les références mentionnées plus haut. Encore une fois, n'oubliez pas de lancer le programme texhash pour mettre à jour la base de données des répertoires.

Il est vraiment avantageux d'utiliser le système X Window avec teTeX -- XFree86 sous Linux -- parce qu'il permet un pré-visualisation de qualité des documents. Ce n'est pas obligatoire, mais en général, tout ce qui peut améliorer la pré-visualisation à l'écran ne peut qu'être bénéfique pour votre travail, en termes de qualité de sortie. Néanmoins, il faut alors sacrifier un peu en vitesse d'édition, qui est plus rapide sur des écrans en mode texte. Avoir un éditeur plus lent qu'un escargot de Bourgogne est en frein certain pour votre travail.

Quoi qu'il en soit, que vous soyez ou non capable de visualiser facilement vos documents à l'écran, ayez l'obligeance de recycler votre papier, et utilisez les deux faces des feuilles. Si possible, achetez du papier de photocopieuse recyclé pour imprimer. Vous n'avez sûrement pas envie que votre lieu de travail ressemble à la filiale d'une entreprise d'exploitation forestière.

Rappellez-vous: Sauvez un arbre... tuez un éditeur.

Robert Kiesling

kiesling@terracom.net


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